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Prête à repartir

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CRIQUETOT-L’ESNEVAL. De sa mission solidaire à Mayotte, Laurine Brulin, pompier volontaire, revient très enrichie.

Pompier volontaire 1ère classe depuis le 1er décembre 2019 comme étudiante, elle termine sa formation d’infirmière d’Etat, Laurine Brulin avait répondu à la demande de renfort faite par le ministère. Elle avait été choisie, remplissant tous les critères en raison de sa formation d’infirmière. Du 3 au 18 février, elle est partie à Mayotte pour renforcer les pompiers pour aider à la distribution d’eau à la population.

Avec soixante-quinze personnes issues des services d’incendie et de secours, dont trois de la Seine-Maritime, elle a fait partie de la relève n°3.

Un climat d’insécurité

Arrivés à 11h30 au camp, les volontaires ont été repartis dans les centres où l’on leur a tout d’abord explique le fonctionnement des centres, garde planton pour contrôler les entrées et sorties, l’ordinaire 24 h en cuisine, popote de 18h à 22h. Dès le lundi 5 février, Laurine est partie travailler. Une journée type se déroulait avec un lever vers 4/5h, départ du camp à 6h, veillée des couleurs, une façon de montrer les valeurs républicaines, puis les ordres étaient donnés.  Les personnes étaient réparties sur neuf points de distribution, divisées par section (4) avec des chefs de direction qui donnaient les directives. « Les distributions d’eau étaient encadrées par les agents municipaux qui assuraient la sécurité ». Chaque famille recevait un carton avec un nombre de packs selon la composition de la famille. Des familles nombreuses, en moyenne 8/9 enfants. La polygamie étant, les maris sont absents, tout est à la charge de la mère et c’est les femmes et les enfants qui venaient chercher les packs d’eau.

Quatre à cinq containers de distribution par point quand tout allait bien. « Sur les 15 jours, on a pu travailler réellement cinq jours de mission complète. La tournée était finie à 13h. Après déjeuner puis quartier libre jusqu’à 18h. Ensuite le camp était fermé, aucune sortie autorisée pour raison de sécurité » explique Laurine qui était au camp basé au port de Longoni. « C’était surtout sur la zone Lassamainty, là où c’est le plus chaud et le plus loin du camp »

Une situation tendue

« Tous les jours étaient incertains en raison de la situation tendue. Pas une journée, où l’on était certain de pouvoir mener à bien notre mission » Sa section s’attelait de 17h à 19h à remplir les camions, parfois à la main quand les palettes étaient en mauvais état. 12 palettes par camion. Au niveau du transport, deux voitures, un trafic et deux poids lourds par section (environ 20 personnes) sur deux points de distribution. « On a pu distribuer que deux fois dans le village, sinon au collège, pas de problème. On passait facilement le 1er passage, mais il n’en était pas de même après (caillassage par la population, souvent des jeunes de 13 à 18 ans, très peu d’adultes, bien cachés et qui surgissaient au passage des camions » Laurine explique que sur place, le risque était toujours présent. « Sur la route, on a vu des personnes mortes, des fillettes écrasées, des hommes avec la gorge tranchée, tout ceci lié à la politique. Les vrais gens de Mayotte ne comprennent pas cette violence, ne se sentent pas en sécurité ni chez eux, en raison des immigrés. Les témoignages reçus des pompiers, de la SMUR, médecins sont incroyables, ils sont en situation de médecine d’urgence. Même au niveau opérationnel, difficile car certains viennent de loin et ne peuvent pas toujours venir, d’où un manque d’effectif.

Des distributions difficiles

Problème aussi quant à l’eau distribuée. « Les gens ne voulaient pas de la cristalline, ils s’en servent de monnaie d’échange. Ils voulaient de l’australine (eau locale). On avait du mal à distribuer car parfois trop dans l’insécurité. On en est arrivé à faire d’abord une reconnaissance dans les containers pour savoir quelle eau on avait.

Une expérience hyper enrichissante

Laurine en retire une expérience très enrichissante, même si cela a été très difficile par moment. « On a vécu une expérience de la sécurité civile, pas uniquement les fonctions d’un pompier ». Mentalement très difficile, mais Laurine recommanderait de le faire. « Faut vraiment le vivre. On ne s’imagine pas la violence difficile, mais aussi lorsqu’on faisait des courses et que les enfants nous demandaient à manger. C’est dur. Mais c’est hyper enrichissant, et si je n’avais pas eu d’attache ici, je serais bien restée. Les premiers jours sont difficiles, déjà aucune intimité dans le camp, physiquement, la fatigue, on dort peu et mal, la chaleur, le manque d’hygiène, l’humidité, les rats, mais après on s’adapte. C’est tellement enrichissant de pouvoir aider la population » Au moment où Laurine était à Mayotte, beaucoup de pluie et une température entre 35 et 40°. « On était en permanence en sueur, trempé, beaucoup de déshydratation, problème des moustiques avec des piqûres qui s’infectaient très vite. Si tout était structuré sur le camp, dans la journée trop d’aléas. Rien ne pouvait être certain que cela se déroulerait comme prévu. Bizarre d’apporter de la solidarité mais qui était refusée car il n’y avait pas de message politique ». Laurine est revenue enrichie de sa mission, et est prête à repartir.

Le Côte d’Albâtre

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