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Les aventures de Tounéco, chapitre 4.

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ETRETAT. Quelques découvertes plus tard, les ombres s’allongent sur la pâture et l’heure de la traite sonne.

Une véritable procession : Une fois rentrées chez elles, les chèvres se dirigent vers les buvettes de la stabulation, y prélèvent de l’eau longuement, les unes après les autres. Certaines lapent comme les chats, d’autres aspirent de grandes gorgées et on assiste à un cérémonial très protocolaire au travers duquel se dessine la hiérarchie du troupeau. Les chèvres dominantes accèdent en premier aux points d’eau, les autres, plus ou moins pressées, patientent sans pouvoir boire avant leur tour, image rappelant les animaux de la savane autour des marigots et l’importance vitale quasi mystique que tous les êtres vivants attribuent à ce liquide.

Pour Tounéco, pas de problème, maman est une dominante qui boit dans les premières et, pour lui, seul l’accès à la mamelle le préoccupe pour le moment. Une fois rassasiée d’eau, sa mère cède sa place, va dans un coin de l’étable où elle s’affale nochalemment. Alors commence un long travail de mastication. Ruminante, la chèvre va régurgiter chaque bol alimentaire rapidement saisi en pâture, et sous l’action de ses puissantes molaires, elle va broyer sa nourriture maintenant enduite de sucs gastriques et d’eau avant de l’avaler à nouveau. Tounéco découvre alors que l’eau est indispensable aux fonctions les plus basiques mais qu’elle est aussi à l’origine de rapports de force impitoyables entre les êtres.

Un bruit sourd et continue envahit l’endroit, c’est comme un signal ! Déjà les premières chèvres se lèvent en se dirigeant toutes vers le fond de la pièce puis s’engouffrent, une à une, par une petite trappe juste de leur taille vers un « ailleurs »… La curiosité de Tounéco est piquée au vif. La porte de la trappe s’est refermée, les chèvres ont disparues.

Quelques minutes plus tard, la trappe se rouvre et, suivant sa maman en se faisant discret, Tounéco se faufile. Il se retrouve dans une salle toute blanche et perçoit nettement un cliquetis régulier, celui de la machine à traire. Quelques instants encore, et, par des tuyaux transparents, il voit s’écouler le lait, « son lait » blanc, mousseux et odorant vers un grand pot glouton qui paraît avaler sans retenue le liquide de deux chèvres à la fois. Une minute après, le tuyau disparaît laissant maman vide de tout lait, pas pour longtemps. Déjà, sous la stimulation de sa bouche, Tounéco retrouve son or blanc nourricier. La pièce blanche est lumineuse, sent le frais, et on s’y affaire à « grandes eaux » pour nettoyer le matériel. Pour cela aussi l’eau va revêtir une grande importance. Le pauvre Tounéco n’est pas au bout de ses surprises, pas seulement le matériel, mais les murs, les sols , le quai de traite, tout va être lavé et rincé grâce à l’eau.

De retour avec maman dans la stabulation, il retrouve ses copains. Les mères, maintenant toutes orientées vers l’auge pour y recevoir du foin, laissent le champ libre aux petits qui courent comme des fous roulant dans la paille, où même, se lancent sur les murs , les transformant en tremplins improvisés. Epuisant pour ce petit de trois jours que le monde attend pour de grandes découvertes.

Encore quelques gorgées de lait, et Tounéco s’effondre, épuisé, calé avec sa petite soeur tout contre maman et sa mamelle débonnaire, vitale. Il s’endort, reprenant des forces pour d’autres aventures, car c’est sûr, demain est un autre jour… de découvertes.

A suivre…

Le Côte d’Albâtre

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