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Les aventures de Tounéco, chapitre 9

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ETRETAT. Voici notre Tounéco qui  » plonge  » vers Etretat, station balnéaire au bord de l’eau !

Après une nuit passée blotti dans l’échancrure de la surverse, Tounéco descend en suivant le fil d’eau qui vide peu à peu le grand bassin de rétention vers l’aval, le long d’une route très fréquentée venant du Havre. On y trouve déjà des randonneurs et des cyclistes avec leurs gourdes, des voitures pétaradantes au fonctionnement facilité par l’eau (lave-glace, batterie, refroidissement moteur). Et combien de pique-niques finiront sur la plage ou les falaises ! « J’espère que tu n’as pas oublié de boire ? »

Ce « nouveau monde », Tounéco le trouve bien remuant, presque agressif. Il s’en cache, progressant de buissons en parterres, de parterres en troncs d’arbre sans oublier quelques cathédrales de ronces à mûres. Avisant un petit chemin qui remonte sur sa gauche, il file vers un coteau plus accueillant. Là, derrière une haie, on entend une cascade de notes de piano tandis que d’autres coulent harmonieusement d’un violon.

Poursuivant son périple bucolique en sous bois, il débouche tout à coup près de la  » grande tâche bleue  » : la mer ! Cernée par de puissantes falaises blanches soulignées à leur base par un socle plus foncé,  » la mer est en bleu entre deux rochers bruns  » pourtant certains l’auraient aimée violine, ou même arc-en-ciel, comme les embruns de Chine (salut M. Béart !). Mais ce sont cette impression d’infini et l’odeur de la mer qui attirent et apeurent notre ami. Tounéco se réfugie vers une grande bâtisse, presqu’un navire amiral dirigeant, de son poste avancé, une flotte imaginaire mouillant en rade d’Etretat. C’est la maison du Général Marquis de Vassoigne qui abrite une association éponyme entretenant la mémoire des  » Marsouins  » et d’autres corps militaires en créant des évènements culturels et artistiques. Ce général commandait des Marsouins, troupes de marine (encore de l’eau, toujours de l’eau, rien que de l’eau…). Cette belle bâtisse abrite aujourd’hui un complexe hôtelier renommé. Sous les arbustes du parc, Tounéco s’endort, rêvassant à tous ces hommes qui ont sillonné les mers depuis la nuit des temps et se voit tantôt pirate, tantôt découvreur de continents lointains avec, pour seul horizon et pendant des jours, la mer, la mer, toujours recommencée.

 » Au réveil, il était midi  » et, redescendant par un chemin escarpé, Tounéco rejoint la grande route aux voitures pétaradantes. Les estomacs ont dû attirer les chauffeurs dans les nombreux restaurants de la ville car tout est plus calme. Peu rassuré tout de même, notre roi de l’escapade vise droit devant une petite rue qui plonge vers l’arrière du village par le chemin des Haules. Ombragé par des arbres de haut jet, le chemin le guide vers le fond de la vallée. D’instinct, il ressent une vibration venant du sol, sourde, régulière. A quelques mètres, là sous ses pattes, passe nonchalamment une rivière souterraine venue du plateau cauchois, et qui se dirige vers la plage, là où des lavandières furent immortalisées par Eugène Boudin dès 1894, battant leur linge entre les galets. Il remonte, inconsciemment le cours de cette rivière, celle-la même qui serait à l’origine de l’érosion de la haute muraille blanche, créant l’ Aiguille, la Falaise d’Aval et son énigmatique  » Trou à l’homme « .

Tounéco se glisse entre les villas du XIXeme siècle, résonnant encore des éclats de voix et des secrets des plus grands noms des années folles, puis entre les maisons plus discrètes, récentes, cossues et alignées des lotissements. Tout est calme, la douce chaleur de l’après-midi enveloppe l’endroit. On arrose des jardins, des enfants jouent dans une piscine. Une voiture se fait une beauté avec shampooing et rinçage à grandes eaux pour être la plus belle du cortège d’un mariage. Soudain, des cris, des klaxons, des ordres, des sirènes déchirent l’air serien et moite : PIN PON !

A suivre…

Le Côte d’Albâtre

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