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Un regard scientifique sur l’éboulement

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SAINT-JOUIN-BRUNEVAL. Sciences et Géologie Normandes estime à 40 000 m³ de roches éboulées sur la plage.

Lundi dernier, un éboulement de falaise s’est produit au sud de la plage de Saint-Jouin. Un phénomène impressionnant pour ceux qui l’ont observé mais qui n’a rien d’exceptionnel comme l’explique le président de Sciences et Géologie Normandes, Yves Lepage qui s’est rendu sur place pour évaluer l’effondrement et les risques résiduels potentiels et vérifier le volume des matériaux tombés car le chiffre donné semblait quelque peu sous évalué. L’éboulement s’est produit à 300 m au sud de la valleuse Boucherot, à un endroit où la falaise culmine à la côte de 102 m. Contrairement à ce qui a été annoncé, il n’y a pas eu plusieurs pans de falaise qui sont tombés mais un seul qui s’est fracturé en deux parties. Pour comprendre l’évènement, il faut connaître un peu la nature des roches qui composent la falaise. Les deux tiers supérieurs sont constitués de craie et de silex, la base est formée de marne silteuse que l’on appelle la Gaize. Plus bas, masqués par la préfalaise, se trouvent une argile noire nommée Gault, puis en dessous le Poudingue ferrugineux et enfin les sables aptiens. Si l’argile peut amortir la chute d’un bloc de craie quel que soit son volume, le sable par contre s’affaisse s’il n’est pas homogène, lorsque des poches se sont formées sous l’action de l’infiltration des eaux de pluie par exemple. C’est vraisemblablement ce qui a dû se produire ici avec le dernier hiver qui s’est prolongé pour laisser place à une période très chaude.En s’approchant au plus près, on s’aperçoit que tout le pan de falaise n’est pas tombé et qu’une imposante colonne de craie est restée fichée dans la préfalaise. Cette proximité a permis à Yves Lepage d’évaluer un volume avoisinant les 40 000 m³ et non 10 000 comme annoncés. En se décrochant, le pan de falaise s’est fracturé dans le sens de la hauteur. La plus grande partie a basculé vers la mer et s’est disloquée sur la préfalaise en une multitude de blocs plus ou moins gros alors que la partie droite, plus petite est restée plantée dans la préfalaise. Les premiers signes de fragilisation ont dû se produire la veille dans la nuit ou au petit matin. Les éboulements de falaise n’ont rien d’exceptionnel sur le littoral du Pays de Caux. Ils ont généralement lieu à partir de la fin de l’hiver jusqu’au début de l’été, mais cette année, l’hiver ayant joué les prolongations, il s’est produit un peu plus tard que d’habitude. S’il peut être considéré comme important par son volume, il n’est cependant pas extraordinaire précise Yves Lepage. « D’autres dans le passé ont été beaucoup plus considérables, à Octeville en 2001 et plus récemment aux Petites Dalles en 2010 où 250 m de falaise sont tombés ». Quant au bloc qui est resté debout, il va probablement finir par prendre appui sur la paroi et se coucher petit à petit au fur et à mesure que la mer va grignoter la préfalaise qui sera toujours alimentée par le haut. Cela peut prendre quelques années ou quelques dizaines d’années. Il n’est pas rare d’observer d’autres blocs tombés il y a déjà plusieurs décennies qui sont encore en équilibre appuyés sur la falaise.

Attention

Cet éboulement risque naturellement d’attirer les chercheurs de fossiles de toute la Normandie et même de plus loin, l’évènement ayant été largement relayé par les médias. Yves Lepage leur recommande de ne pas se précipiter et d’attendre au moins deux à trois semaines que le terrain se stabilise avant de venir fouiller. C’est une question de bon sens.

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Le Côte d’Albâtre

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3 commentaires

  1. pascalou dit :

    Salut mon bon Davy je me permets de mon oeil « ex » photographe de te signaler que je trouve très bien la photo n°3. Bon courage
    A bientôt

  2. Poulpe dit :

    Bonjour, êtes vous sûr que l’éboulement s’est vraiment produit lundi 14 ? J’ai pourtant vu la falaise et pris des photos dimanche 13 et il me semble que l’éboulement avait déjà eu lieu …

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